(re)faire le monde est une sculpture installative.
Il est question de créer une nouvelle image du globe terrestre avec des pages d’atlas pliées, accrochées à une structure amovible.
La structure est un présentoir de cartes postales sur lequel sont assemblés des tiges de bambous noirs et des chaînes. Les pages d’atlas viennent coloniser la structure et le pliage du papier a ici deux fonctions: d’abord celle de modifier le territoire représenté sur la feuille imprimée par des jeux de rapprochements de zones et des rapports frontaux entre des zones géographiques plus ou moins voisines; d’autre part le pliage rigidifie la feuille de papier qui va réagir en essayant de se déplier dans une certaine limite, ce qui donne aux différents morceaux fabriqués un aspect que le plasticien ne pourra pas maîtriser et sera obligé d’accepter. Ainsi, les pièces de papier pliés se retournent autour des chaînes de la structure, créent des formes non définies, « acheïropoïetes ».
Le plasticien donne peut-être ici à voir le jeu des fous qui veulent coloniser les terres, d’abord inconnues, ensuite prises à d’autres.
Mais il est avant tout question pour lui de réfléchir à l’idée d’occupations des espaces, avec la juxtaposition et la confrontation des objets: le temps a été pour Patrick Crossonneau un matériau qu’il a travaillé (et qui l’a travaillé) pendant toute la phase de pliage des pages d’atlas, et ce temps continue le travail avec la formation (ou la déformation) des pièces de papier qui se redéploient autour de la structure en chaîne et en bambou.
Cette sculpture installative a été pour la première fois présentée au public lors de l’exposition de fin de résidence de Patrick Crossonneau au Prieuré St Vincent, 12 rue Porte Cendreuse à Chartres du 23 novembre au 22 décembre 2013